Histoire
: Blaise Pascal
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Clermont, 1623 Paris, 1662 "Un génie". Tel est qualificatif le plus souvent associé au nom de Blaise Pascal. Un génie qui, malgré une mort prématurée et une grande partie de son temps consacré à la religion, a marqué l'histoire de la science, en particulier par sa grande rigueur d'analyse et son sens de l'expérience. Né à Clermont, en Auvergne le 19 juin 1623, Blaise Pascal est le seul fils d'Antoinette Begon, morte alors qu'il n'a que trois ans, et d'Etienne Pascal. Ce père, juriste et mathématicien, prend totalement en charge l'éducation du garçon. Il commence par les lettres, réservant les mathématiques pour un âge plus avancé, mais le jeune Pascal est précoce. A 12 ans, il commence à travailler seul sur la géométrie et découvre que la somme des angles d'un triangle est égale à deux angles droits. Installé à Paris avec sa famille en 1631, Blaise Pascal
fréquente dès 1635 le cercle de mathématiciens
de Marin Mersenne où il côtoie des savants comme Roberval,
Gassendi, Mydorge ou Desargues. Ce dernier justement lui inspire l'un
de ses premiers travaux, Essai sur les coniques (1640), dans lequel
il reprend les méthodes de géométrie projective
de son aîné et énonce le théorème
de Pascal selon lequel les points d'intersection des couples de côtés
d'un hexagone inscrit dans une conique sont alignés. Lorsque
Etienne est nommé par Richelieu commissaire pour l'impôt
dans la région de Haute-Normandie, les Pascal emménage
à Rouen, où ils resteront sept ans. C'est alors une période
d'intense activité scientifique qui débute pour le jeune
Blaise. En 1642, il entreprend de développer une machine à calculer afin d'aider son père dans son travail de comptabilité fiscale. Il n'a alors que 19 ans. Destinée au calcul abstrait et financier, la "Pascaline" additionne, soustrait, multiplie et divise, grâce à un système composé de six roues à dix dents. Bien qu'elle ne soit pas la première du genre (Wilhelm Schickard avait inventé une machine similaire en 1623), Blaise Pascal n'a pas connaissance des travaux antérieurs lorsqu'il invente son calculateur et celui-ci reste comme l'une de ses plus grandes contributions à la science. Au bout de trois ans d'effort, Pascal offre au chancelier Séguier une machine finalisée et décide de la commercialiser ; un certain nombre d'exemplaires sont fabriqués, mais le coût est trop élevé et la production sera suspendue. Ce sont ensuite les expériences sur le vide, à la suite
des travaux de Torricelli, qui occupent pleinement Pascal. De 1646 à
1654, il multiplie ces propres expérimentations avec toutes sortes
d'instruments. L'une d'entre elles, décrite en détail
dans Récit de la grande expérience de l'équilibre
des liqueurs (1648), lui permet de confirmer la réalité
du vide et de la pression atmosphérique et d'établir la
théorie générale de l'équilibre des liqueurs.
Pascal est également à l'origine de l'invention de la
presse hydraulique, basé sur le principe qui porte son nom et
qui veut que, dans un fluide incompressible en équilibre, les
pressions se transmettent intégralement. Grâce à ses connaissances en hydrostatique, il participe à l'assèchement des marais poitevins, à la demande du Duc de Roannez. Celui-là même avec qui il créera les fameuses lignes de carrosses à cinq sols pour circuler dans Paris, préfigurant les transports en commun et qui reflètent parfaitement le souci d'action concrète qui habite le savant. A partir de 1650, Pascal s'intéresse au calcul infinitésimal et, en arithmétique, aux suites de nombres entiers. S'il n'est pas le premier à travailler sur le triangle de Pascal, puisque des mathématiciens chinois et arabes l'ont fait bien avant lui, on lui doit l'étude la plus systématique. Et c'est à l'occasion du Traité sur le triangle arithmétique qu'il énonce pour la première fois le principe du raisonnement par récurrence. Blaise Pascal est également, avec Pierre Fermat, le fondateur
du calcul des probabilités. Une correspondance suivie s'établit
entre les deux hommes autour de la résolution de problèmes
comme celui posé par un joueur, le Chevalier de Méré,
et transmis à Fermat par Pascal, présentant une situation
dans laquelle deux joueurs veulent quitter la table avec la fin de la
partie. Chacun s'ayant vu attribuer le nombre de points qui lui revenait,
la question est de savoir comment distribuer les mises. En fait, chaque
joueur prendra la mise minimale correspondante à ses points,
la somme restante étant partagée également entre
eux. Les deux mathématiciens arrivent à la même
conclusion, mais par des chemins différents : Fermat utilise
l'analyse combinatoire et Pascal un raisonnement par récurrence. Parallèlement, l'homme développe ses réflexions autour de la religion, un thème qui tient tout au long de sa vie une place prédominante. De retour à Paris en 1647, il est bientôt séparé de son père, décédé en 1651, et de sa sœur Jacqueline qui, comme lui séduite par l'ardeur de la foi prônée par le jansénisme, entre en religion l'année suivante. Commence alors pour lui une période mondaine, faite de sorties et de jeux, qui s'achèvera subitement en 1654, à la suite d'une expérience mystique, une révélation qui conduit Pascal à une conversion totale. Il s'installe au monastère de Port Royal (1655), à une trentaine de kilomètres de Paris, et se consacre désormais presque exclusivement à la défense du jansénisme (Les provinciales) et à des œuvres philosophico-religieuses (Pensées). Ses derniers travaux scientifiques concernent les cycloïdes. En 1658, il résout ainsi certains problèmes qui occupaient nombre de mathématiciens, liés notamment à l'aire et au volume créés par la rotation d'une cycloïde autour de son axe. De santé précaire, Pascal meurt prématurément à l'âge de 39 ans, rongé par la douleur, probablement à cause d'une tumeur à l'estomac ayant migré jusqu'au cerveau. Mathématicien, physicien, théologien, philosophe, moraliste et fondateur de la prose classique en France, les nombreux talents de ce personnage hors du commun ont fait de Blaise Pascal une des figures les plus importantes de son siècle. Oeuvres scientifiques Essay pour les coniques, 1642 Expériences nouvelles touchant le vide, 1647 Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs, 1648 Traité du triangle arithmétique, 1654 Eléments de géométrie, 1657
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